Transition écologique et industrie : nouveaux métiers ou nouvelles compétences ?

L’Observatoire Industries et Compétences piloté par l’OPCO 2I vient de publier une étude sur l’impact de la transition écologique sur l’industrie. Cette étude couvre un champ très large, puisque l’industrie comprend pas moins de 32 branches, dont 8 pour la métallurgie. Cette analyse a été réalisée sur 230 métiers différents et 8 000 compétences regroupées en 50 macro-compétences. Quels sont les enseignements de cette étude ?

Peu de nouveaux métiers

Alors qu’il est admis que « 70% des emplois de demain n’existent pas encore » au point que cette affirmation devient un dogme, l’étude semble indiquer exactement le contraire. La transition écologique ne conduira pas à la création massive de nouveaux emplois, mais plutôt à une transformation profonde des emplois existants.

Des métiers existants très fortement impactés

La première grande famille d’emplois touchés est celle de la R&D, de l’ingénierie et des achats. Puis viennent la logistique, la sécurité, la gestion des déchets, la qualité et le technico-commercial. Il est particulièrement remarquable que les métiers de la production soient les moins impactés ; la transition écologique concerne davantage les cadres, tandis que les opérateurs sont plus touchés par l’automatisation et le numérique.

Quelles sont les compétences à fortement développer ?

Parmi les macro-compétences à développer fortement figurent les connaissances QHSE, y compris la connaissance des nouveaux risques liés notamment à l’utilisation de l’hydrogène ou à l’électrification des équipements. On peut également citer la conception et la définition de la faisabilité et de la rentabilité d’un projet. Tout ceci, en incluant la dimension environnementale, la réalisation d’une veille technologique et réglementaire. Mais aussi, la maîtrise des caractéristiques des matériaux, en y intégrant systématiquement la dimension environnementale et en tenant compte des évolutions techniques et technologiques (nouveaux matériaux, matériaux biosourcés, matériaux recyclés…).

L’étude identifie également 6 macro-compétences à renforcer pour la totalité des effectifs concernés :

  • l’analyse du cycle de vie
  • la maîtrise des normes environnementales
  • le durcissement de la réglementation
  • les attentes des parties prenantes
  • les connaissances en techniques d’usinage
  • fabrication additive.

Le rôle clef des ingénieurs

Les métiers les plus fortement impactés sont les emplois de cadres, nécessitant un minimum de trois ans d’études. Est-ce l’illustration d’une tendance à la polarisation du marché du travail, tendance largement observée aux États-Unis et de plus en plus en Europe ? Il n’est pas exclu que la transition écologique creuse un fossé de compétence plutôt qu’elle ne le réduise.

Les entreprises naviguent à vue

D’après l’étude de l’observatoire, « 7 entreprises enquêtées sur 10 ont peu ou n’ont pas du tout identifié leurs besoins en formation associés à la transition écologique ». Pour l’ensemble des catégories, lorsqu’ils sont identifiés les besoins sont en hausse et plus particulièrement pour les ingénieurs et les techniciens supérieurs. Après un premier travail de cartographie,  il y a un bien un travail de prise de conscience de fond à mener auprès des organisations et des individus pour faire mûrir le sujet. Le lien entre des tendances macros et le quotidien opérationnel n’est pas encore mené. De plus, les auto-diagnostiques, bilan de compétences et autres dispositifs favorisant la prise de recul et l’articulation prise de conscience-passage à l’action montrent toute leur pertinence.